L’Euro et la compétitivité des entreprises française

Actualité initialement publié dans la newsletter de l’ADMEO N°31 Décembre 2006

La flambée de l’Euro continue d’inquiéter les entreprises françaises, notamment dans le secteur automobile. Le gouvernement français souhaiterait que la Banque centrale européenne (BCE) soit plus à l’écoute des difficultés de son industrie mais devant les dérapages des finances publiques d’une partie des Etats membres, et en particulier de la France, il est difficilement concevable que l’institution monétaire fasse preuve de souplesse.

La BCE craint qu’une surchauffe des économies les plus dynamiques, comme l’Espagne et l’Irlande, n’engendre un dérapage des prix. Dans cette perspective, la BCE envisage, dans un avenir proche (janvier ?), de remonter à nouveaux ses taux. Cette décision peut sembler un peu hâtive dans la mesure où la croissance moyenne en Europe étant plutôt faible, une hausse des taux pourrait lui être défavorable. Par ailleurs, comme le fait remarquer E. Cohen, cette politique de rigueur monétaire risque d’accentuer les problèmes de parité, face à une Banque centrale américaine (la FED) plus souple et à une Chine très active dans les échanges mondiaux et qui contrôle la parité de sa monnaie !

Mais peut-on reprocher à la BCE de faire ce pourquoi elle est mandatée ? En effet, contrairement à la FED, la BCE n’a pas pour objectif de favoriser la croissance et l’emploi. Ses statuts prévoient uniquement la défense de la monnaie.

Cependant, on peut souligner qu’il n’est pas impossible d’être compétitif avec une monnaie défavorable. La compétitivité prix n’est pas la seule issue. Et c’est ce qu’a compris l’Allemagne en misant sur l’industrie de pointe : lorsque l’on est numéro un, la parité monétaire pose moins de problèmes. Malheureusement, la France, présente sur des segments de marché très concurrencés, notamment par des pays bénéficiant d’une main d’œuvre bon marché, est beaucoup plus sensible aux problèmes de change.

Dans ce contexte, la France doit investir de manière plus conséquente dans la R&D afin de pouvoir bénéficier d’un avantage concurrentiel fondé sur le progrès technologique. Le gouvernement, avec les aides apportées par D. De Villepin à l’automobile pour l’innovation, semble avoir reçu le message. Cependant, il est nécessaire de structurer ces aides au sein d’un vrai projet industriel pour qu’elles ne soient pas simplement une rustine et puissent bénéficier à l’ensemble des secteurs de l’économie française.