Ça me gratte : Apple opérateur ? Quel impact pour le consommateur ?

Il a quelques jours Apple a suspendu son projet visant à intégrer à ses terminaux une carte SIM. L’objectif de ce dessein était, semble-t-il, de proposer des abonnements de services de télécommunication à ses clients. Evidement, cette démarche, parce qu’elle les déposséderait de la relation avec leurs clients, serait une déclaration de guerre aux opérateurs. Cependant, si beaucoup a été dit sur ce sujet, il n’en a pas été de même sur les conséquences que pourrait avoir une telle évolution du marché sur le consommateur.

On n’a pas d’information sur ce qu’était les intentions réelles d’Apple, ou sur le modèle économique envisagé. La firme de Cupertino souhaitait-elle devenir un gros MVNO? Ou voulait-elle simplement revendre des abonnements d’opérateurs (en maintenant leur marque) mais calibrés pour ses produits? Dans les deux cas le choix des consommateurs aurait été limité mais pas de la même manière.

Si apple devenait une MVNO, il n’y aurait qu’une offre (même si elle est segmentée en plusieurs formules) et, on peut le penser, à un prix à la hauteur de l’engouement pour les produits de la pomme.

Si Apple devenait une sorte de super distributeur, nul doute que ses rayons ne seraient pas achalandés comme ceux de votre hypermarché. Car peu d’opérateurs seraient en mesure d’accepter les conditions léonines qu’impose le constructeur. Vous me direz, peut être, que je fais des procès d’intention? Cependant, nul n’ignore qu’Apple impose aux opérateurs des dispositions contractuelles très contraignantes et certaines sont susceptibles d’être considérées comme anticoncurrentielles. Par exemple, Apple impose aux opérateurs, qui distribuent le iPhone, qu’il soit en permanence le terminal le plus subventionné.

De plus, il ne faut pas oublier qu’Apple ne permet à son terminal de fonctionner chez tous les opérateurs. En France ce sont les MVNOs qui en font les frais. Ce qui signifie qu’il est impossible pour un consommateur disposant d’un iPhone débloqué (« désimlocké ») de migrer vers un MVNO1, sauf bien entendu, s’il le « jailbreak ».

Par conséquent, il y a fort à parier que le consommateur ne serait pas gagnant dans cette affaire. Mais ce n’est pas là le seul problème. Le consommateur devrait accepter de passer par Apple, pour chaque évolution dans ses usages et sa consommation. Ce qui signifie demander l’autorisation pour changer de forfait, d’opérateur ou se désabonner. Celui qui ne veut pas d’une relation spécifique avec Apple ne pourra pas jouir de ses terminaux.

Le consommateur sera également hyper captif. En effet, s’il s’engage auprès d’Apple pendant, par exemple, 24 mois comme c’est l’usage sur le marché des services de communications mobiles, non seulement il ne pourra pas changer d’opérateur mais aussi il sera contraint de continuer à utiliser un terminal Apple pendant l’ensemble de cette période. Un verrouillage total et nul besoin d’une application pour ça!

Pour finir, nul doute qu’avec une carte SIM intégrée il deviendrait bien plus compliquer de donner ou vendre son terminal. Et de ce qui est de le prêter (ce qui est déjà compliqué avec la micro carte SIM du iPhone 4), il faudrait probablement y renoncer.

1Le Sénat vient, d’ailleurs, de voter un texte permettant d’éviter ce type de comportements. Reste à espérer que les députés votent, en deuxième lecture, le texte en l’état (voir également : http://www.pcinpact.com/actu/news/60792-apple-mvno-contrat-exclusivite-mobile.htm)