Ça me gratte : cette France qui en veut à Internet

Internet est avant tout un outils qui a révolutionné le secteur des télécommunications. Indirectement, il est le support d’innovations qui ont transformé durablement notre environnement socio-économique. On peut même sans crainte affirmer qu’il est à l’origine d’une rupture du paradigme, qui a jusqu’à récemment structuré nos sociétés.

Cette transformation majeure se lit dans le pouvoir qu’Internet a donné à chacun d’entre nous. Nous sommes tous devenus des acteurs de l’espace public et au-delà. Chacun d’entre nous peut à présent informer, commenter, analyser, donner, vendre ou construire. Et bien que très peu de cette matière soit réellement exploitable, cette nouvelle liberté est perçue par beaucoup, qui par le passé avaient l’exclusivité de ces activités, comme une menace.

Leaders d’opinion, professionnels de l’information, faiseurs de stars et autres vestiges de l’ère industrielle, se voient progressivement confisquer les manettes de la société.

Cette élite en déliquescence, est le symbole d’une incapacité d’adaptation d’une certaine France. Une France de la vieille école, à la fois pleines d’incertitudes et d’arrogance, incapable de comprendre la partition qui se joue autour d’eux.

Cette France est également cette vieille femme frustrée par son incapacité à tirer partie de l’explosion de l’économie, de l’immatériel : point de Google, de Twitter ou de Facebook dans notre pays. Et le champion Français des télécommunications doit compter, pour doper ses ventes, sur Apple, autre firme américaine, qui vend ses iPhones comme des petits pains, et donne l’obole à des industries culturelles qui prient pour que ce dernier n’abandonne pas le commerce de la musique en ligne, au profit de celui des applications bien plus profitables.

Si cette cabale anti-Internet est si puissante, c’est parce qu’elle fait converger les intérêts de différents acteurs de la société – leaders d’opinions, décideurs et autres industriels- qui usent et abusent de ce qui leur reste de pouvoir pour continuer à exister.

Pour les uns il s’agit de casser et d’entraver pour ne pas avoir à investir et à prendre de risques. Pour les autres, c’est une excellente opportunité de contenir le mécontentement et de convertir les vieux opposants en nouveaux courtisants.

Cependant, cette stratégie ne fera illusion qu’un temps. Notre vieille dame qui a perdu sa vigueur et sa superbe ne réagira bientôt plus à ces mauvais dopants. Et la société française, de son coté, continue d’avancer, s’adapte, s’approprie et recompose. Elle crée le chemin sur lequel elle progresse et conserve toujours un ou deux temps d’avance.

La vielle dame n’a pas le choix, elle doit renaître dans l’ère numérique ou disparaître. Car petit à petit l’espace qui lui est dévolu est grignoté par ces puissances qu’elle peut, pour l’instant, ralentir, mais pas arrêter.

Cette mutation ne sera pas simple, car, tous les pièges à loups qu’elle parsème aujourd’hui seront autant d’obstacles pour elle demain. Ces obstacles qui étouffent déjà les quelques forces vives qui demeurent encore en France et ont encore le courage d’entreprendre alors qu’elles ont déjà beaucoup à faire face aux géants étrangers.

La France qui ne peut se glorifier que d’avoir été capable de proposer avec succès une application « Louvre » pour iPhone – quand d’autres sont capables d’accompagner chaque instant de notre quotidien – doit se mettre au diapason et arrêter de subir.