Ça me gratte : Loppsi et le vote du filtrage d’Internet, une victoire de l’obscurantisme

Jeudi 11 février 2010 l’Assemblée Nationale a voté l’article 4 du projet de loi LOPPSI qui permet un filtrage étendu sur Internet (i. e. au delà des contenuspédopornographiques, prétexte utilisé pour déployer ce dispositif).

Comme pour le vote de la loi hadopi on ne peut que critiquer la manière dont se déroulent les débats. Nos élus tranchent sur des sujets techniquement pointus sans l’appuie d’aucune expertise et dans des hémicycles presque vides.

La nature même des discussions est plus qu’inquiétante. On vote le filtrage d’Internet sans à aucun moment se poser les deux questions fondamentales que soulève l’objectif visé (la lutte contre la pédopornographie) :

  1. Est-ce efficace pour lutter contre la pédopornographie?
  2. Est-ce techniquement faisable (sans dommages collatéraux excessifs comme le sur-blocage) tout en préservant les droits des citoyens?

Répondre à la première question doit être le préalable à tout débat sur le sujet. Bien entendu, une réponse positive à cette question est une condition nécessaire au vote d’un tel texte. Et la réponse à la seconde question doit conditionner son application.

A la place de cela nous avons encore eu le droit à des discours obscurantistes, des salves contre un Internet que personnellement je ne connais pas (jamais un contenu pédopornographique ne m’a sauté au visage!).

On ne peut s’empêcher de penser que cette dangerosité presque fantasmée de l’Internet est peut être en réalité un prétexte à des desseins plus vils. En effet, comme le fait remarquer la quadrature du net :

Le refus de déployer le filtrage du Net à titre expérimental est la preuve de la mauvaise foi du gouvernement. Une mise en place temporaire de ce dispositif aurait à coup sûr démontré qu’il est inefficace pour lutter contre la pédopornographie.

Seules les techniques traitant le problème à la source (en faisant supprimer les contenus des serveurs et en attaquant les flux financiers) et le renforcement des moyens des enquêteurs peuvent prétendre réellement lutter contre la pédopornographie, comme le prouve l’exemple de l’Allemagne qui vient de renoncer à une loi visant à filtrer le Net.

Ce nouveaux vote doit inquiéter les citoyens. Les textes bricolés et votés à la va vite (votés en urgence) s’enchainent créant un empilement de lois au mieux inutiles (bien que très coûteuses) au pire potentiellement très dangereuses pour les libertés de chacun.