Ça me gratte : industrie du disque, l’Autorité de la concurrence doit être saisie !

Depuis le rapport Olivenne les débats autour de la création se sont polarisés autour du piratage faisant fi des problèmes de rémunération des artistes ou de l’accès aux contenus. Et il faut le dire on a entendu tout et son contraire et surtout n’importe quoi. Cette réalité nous saute, à présent, au visage à cause (ou grâce) au rapport Zelnik qui a fait voler en éclat l’alliance sacrée de l’industrie musicale.

Le rapport n’était encore qu’en préparation que la Sacem se détachait (avec l’ADAMI) pour affirmer que Hadopi ne servirait pas à grand-chose et qu’il fallait parler de la rémunération des artistes. Personne n’en doute et il aurait même fallu commencer par là. Cependant, ce nouveau positionnement de la SACEM est inexcusable dans la mesure où, d’une part, elle a fourni la pétition choc en soutient à la loi Hadopi et, d’autre part, elle a, volontiers, propagé la propagande sortie des chaudrons des majors.

La nouvelle grande idée de la SACEM? Après avoir soutenu une loi qui permet de pourchasser son public comme un vulgaire voleur à la tire et de lui en faire supporter le coût, elle veut le faire passer à la caisse sans contrepartie.

Du coté de l’industrie du disque on est passé du « on est en train de mourir à cause des pirates » à « pourquoi une gestion collective [proposition du rapport Zelnik] alors que les ventes numériques commencent à décoller » (et les chiffres du SNEP le confirment, tient donc). Vous noterez l’égocentrisme de cette industrie ou de Pascal Nègre auteur de ces propos : si les choses vont pour eux, ça va pour tout le monde.

Pourtant pour les artistes et les créateurs rien n’a changé. Leur rémunération reste, en proportion, toujours aussi ridicule et un grand nombre ne tire aucun revenu de la vente de supports numériques ou des autres modes de diffusion en ligne. Et sans vouloir être alarmiste il est fort probable que le rapport Zelnik accouche d’une souris et cela pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, bien qu’il propose une gestion collective rien ne dit ce que seront les clés de partage : seront-elles vraiment avantageuses pour les artistes/créateurs ? Ensuite, rien ne permet de croire que cette proposition survivra au lobby de l’industrie du disque. Enfin, à quoi servira ce dispositif si les acteurs du web disparaissent ?

En effet, c’est le buzz du MIDEM 2010, Deezer, celui que l’on nous a présenté comme l’aspirateur à pirates, se porte très mal et ses collègues ne semblent guère aller mieux. La faute, semble-t-il, à une industrie du disque qui saigne ses partenaires sans penser au lendemain. Faire plaisirs aux actionnaires en gonflant le chiffre d’affaire et peut importe si on tarit la source.

Certaines personnalités de Deezer doivent être bien amères, elles qui ont laissé leur entreprise être instrumentalisée pendant toutes les discutions relatives à la loi Hadopi, elles qui pensaient être plus intelligentes que les autres et pouvoir tirer partie de cette cabale anti-internautes (quelle aubaine Deezer citée en exemple par Madame Albanel !) vont peut être devoir quitter la scène une main devant et une main derrière !

Au-delà du cas Deezer, le comportement des majors justifierait que l’autorité de concurrence se penche sur leurs pratiques. Nous l’avons dit à plusieurs reprises, les catalogues sont des facilités essentielles dont l’accès, parce qu’il permet des comportements opportunistes, devrait être un minimum encadré.

Les acteurs de l’internet qui ont brillé par leur silence pendant les discutions relatives à la loi Hadopi – ce que l’on peut comprendre tant leur dépendance vis à vis des maisons de disques est importante – devraient envisager une saisine de l’Autorité. Quoiqu’ils fassent leur avenir est bien sombre, alors pourquoi ne pas plutôt essayer de se battre ? Courage !